à propos

Edouard Roch 

Propos d’Edouard Roch recueillis à Ballens par Armande Reymond en février 2011

Dans cette maison de Ballens, j’ai tout fait en même temps. En trente ans, j’ai acheté ce lieu, j’ai ouvert mon atelier de reliure, je me suis marié, j’ai fondé une famille, j’ai créé cette galerie, j’ai peu à peu transformé cet espace pour donner toujours plus de place à la peinture. Je me suis mis dans un engrenage fantastique et diabolique en me condamnant à vivre autour de cette maison.

Comme je n’avais pas l’occasion ni le temps de voyager, il fallait que je trouve une solution pour m’évader. Donc, une fois que la reliure a commencé à tourner, j’ai décidé de m’entourer de peintures pour voyager, rêver à travers elles. Il fallait que je fasse autre chose que la reliure pour ne pas sortir de ce métier comme un naufragé. 

Il fallait que je vive quelque chose de fort, d’aéré, que je m’échappe du quotidien !

Je crois que la nature – il faut savoir l’écouter – m’a aidé à prendre cette décision. Ballens est situé au pied du Jura et nous avons essuyé deux terribles coups de Joran. Le vent s’est littéralement engouffré dans la grange avant de ressortir par le toit… C’était le moment d’agir! J’en ai profité pour transformer la maison et créer un espace d’exposition équipé pour recevoir des artistes professionnels. Mais lorsque j’ai commencé, je ne connaissais personne et pas grand-chose à l’art contemporain.

C’est le peintre Hans Nussbaumer qui m’a encouragé dans mes premiers pas. Grâce à une amie, j’ai eu la chance de le rencontrer. Nous avons fait connaissance chez lui, à Chevilly, autour d’une bouteille de blanc et nous nous sommes compris. Lorsqu’il est venu à Ballens, il m’a dit : « Je n’ai jamais vu cela de ma vie… construire un espace d’exposition de cette qualité spécialement pour les artistes !

Il est hélas décédé avant que je ne puisse lui consacrer une exposition personnelle…

L’Espace Endives

L’aventure continue puisque j’ai agrandi mes cimaises en louant dans le village l’espace des Endives. J’ai transformé cet ancien local consacré à la culture des endives en salles d’exposition, parce que j’aimerais pouvoir, parallèlement aux artistes que je présente, remontrer les œuvres que j’ai acquises auprès d’artistes qui ont passé chez moi depuis trente ans. La vie est courte, je dois vivre mes émotions jusqu’au bout. Si je n’étais pas poussé par ce moteur, il y a longtemps que je serais loin !

Et l’aventure continue !

J’ai commencé mon voyage avec la lumière des tableaux de Nussbaumer et désire finir mes jours devant ce Jura que j’aime tant, dans la lumière de ce pays qui me fait rêver, entouré par les artistes et par celles et ceux qui partagent mon univers ; sans oublier Adélaïde Siffert, ma collaboratrice et compagne depuis dix ans, merveilleux cordon bleu…