Jean-Claude Vieillefond

Vingt ans…
La voix manquante

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Prolongation de l’exposition jusqu’au dimanche 10 novembre.

L’exposition sera présentée par Chloé Charmillot, étudiante en histoire de l’art, samedi 21 septembre à 16 h 30.

Finissage et verre de l’amitié, le dimanche 20 octobre à partir de 16 h

Dans son atelier, avec grande régularité, il livrait un combat singulier avec une réalité à l’expression dramatique – volonté de retenir une substance ou la terrible tentation de son effacement. Sur de grands supports photographiques, Jean-Claude Vieillefond avec des signes de lumière appelait ses personnages. A travers l’eau, l’acide, les griffures, les giclures, il surveillait leurs vies, leurs évolutions pour tenter d’éviter leurs disparitions et pour les fixer quelques fois dans leurs derniers mouvements souvent inachevés – œuvres échappant à toute classification – peut-être, facettes d’autoportraits commencés il y a longtemps. Des formes, des corps, des empreintes savaient reconnaître et répondre à ses appels de lumière et venaient transiter dans ses demeures réservées.

Jean-François Reymond

 

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Vieillefond s’entourait toujours d’amis, et parfois de vin.
Ensemble ils s’efforçaient de faire ce que lui-même s’efforçait de faire en manipulant ses compositions. Exalter le sens du dérisoire pour faire d’autant mieux maigrir la vie, effaçant presque celle-ci de la surface des jours, et la chanter enfin dans sa beauté nue.

Christophe Gallaz

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Notre amitié passait par le silence.

Armand C. Desarzens

Le temps des complices

Nicole Bovard, Michel Delanoë, Armand C. Desarzens, André Jaccard, Christian Jelk, Yann Leuba, Serena Martinelli, Mario Masini, Vasko Maz, Roger Plaschy et Jean-François Reymond…Outre l’amitié qui les liaient à Jean-Claude Vieillefond, ces artistes ont tous partagé avec lui une ou plusieurs aventures collectives ou singulières : des voyages ; la passion commune pour la Loire ; l’acte de création ; le compagnonnage joyeux, teinté d’humour et de spiritualité ; une présence silencieuse; l’expérience de la poésie; ou encore une certaine façon de traverser le monde avec élégance, en équilibre sur le fil de la destinée.

Enfin, on ne saurait passer sous silence, les années de complicité entre Jean-Claude Vieillefond et l’écrivain d’art et journaliste Sylvio Acatos dont les textes consacrés au photographe sont la référence absolue. Ces deux amis de la première heure, qui ont traversé ensemble quelques années de galère, cultivaient la passion du Sahara et de la liberté.

 

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L’association des amis de Vieillefond

Constituée le 3 juillet 2011 à la Galerie Edouard Roch à Ballens, l’association (www.vieillefond.ch) a pour objectif de faire découvrir et vivre l’œuvre de Jean-Claude Vieillefond (1945-1999) aussi bien sur le plan suisse qu’international.
Merveilleux challenge en effet que de favoriser le rayonnement de cet artiste né à Paris, rue Daguerre (photographe, peintre et inventeur), et mort à Lausanne où il s’est établi en 1964.

 

Jean-Claude Vieillefond et moi, c’est une histoire sans paroles…

Edouard Roch, où et comment avez-vous rencontré Jean-Claude Vieillefond?

J’avais un bon copain relieur qui avait son atelier au-dessus de celui de Jean-Claude Vieillefond. Lorsque j’étais de passage à Lausanne, je m’arrêtais chez lui. Il possédait une des plus belles peintures de Hans Nussbaumer qu’il avait acquise lors d’une exposition à Ballens, « La Gravière ».

C’est lui qui m’a présenté Vieillefond. Je suis descendu à son atelier. Le contact a passé immédiatement. J’ai tout de suite eu un rap- port magnifique avec lui. C’était un type d’une grande honnêteté, direct, jamais calculateur et très discret. Son travail, qui a du caractère, m’a toujours impressionné. On y sentait une belle pureté, une force peu commune. C’est une œuvre transparente et secrète. Une expression de la vie qui s’écoulait à la fois en face et à l’intérieur de lui.

Vous êtes un des premiers à l’avoir exposé en Suisse et avez acquis quelques-unes de ses œuvres majeures dont un triptyque exposé en permanence dans votre galerie…

Ce triptyque, c’est une belle histoire… Alors que Vieillefond préparait une exposition au Musée des beaux-arts du Locle, je me suis trouvé là-bas au moment du montage et j’ai découvert, par terre, cette œuvre unique. J’ai été foudroyé. J’ai aussitôt dit à Jean-Claude: «Si cette œuvre n’est pas vendue à la fin de l’exposition, tu t’arrêtes directement à Ballens.» Ça s’est passé comme ça! Un jour, il est venu à Ballens… Depuis, le triptyque n’a plus jamais quitté la galerie!

De quoi parliez-vous lorsque vous étiez ensemble ?

Avec lui, ce n’était jamais les grands discours! J’avais une grande estime pour lui et son œuvre. C’est tout. On avait la même sensibilité et pas besoin de parler pour se comprendre. On buvait une bouteille ensemble. On se regardait. Tout se passait au niveau des yeux, des regards échangés. C’était une histoire incroyable, sans paroles, difficile à expliquer avec des mots. Dans la mesure de mes possibilités, je l’ai aidé, comme je l’ai fait pour Maurice Pittet qui est aussi un grand créateur de notre époque. Mais ça c’est une autre histoire…

Vieillefond, Pittet et moi, on aurait pu se trouver dans la même église!

Aujourd’hui, vingt ans après sa mort, vous lui rendez hommage à Ballens en présentant certains pans essentiels de son travail, parfois inconnus du grand public. Cette exposition est également l’occasion de réunir autour de lui les amis artistes avec lesquels il a cheminé. Qu’est-ce qui vous manque le plus depuis qu’il n’est plus là ?

Sa présence, ses silences, les moments que nous passions ensemble et bien-sûr son œuvre… Ce gars travaillait énormément. Il a fait son boulot et construit une œuvre. Il était passionné par son métier, cela se sentait. Malheureusement je pense que, dans notre pays, on a toujours sous-estimé l’importance de ce travail. Je le regrette beaucoup. Ça se serait passé complètement différemment si Vieillefond avait vécu aux Etats-Unis ou à Berlin. C’est une question de sensibilité.

Propos de Edouard Roch recueillis à Ballens en juillet 2019 par Armande Reymond